Kananga, juin 2025 – Après plus de treize années d’interruption, les travaux de la centrale hydroélectrique de Katende, située sur la rivière Lulua dans la province du Kasaï-Central, ont officiellement repris. Cette relance marque un tournant crucial pour l’électrification de la région du Grand Kasaï, notamment pour la ville de Mbuji-Mayi, deuxième agglomération la plus peuplée de la République Démocratique du Congo, qui ne bénéficie actuellement que de 3 à 4 MW d’électricité.

Avec une capacité totale prévue de 64 MW, la centrale de Katende devrait injecter 29 MW d’ici 2026, une première étape dans un projet divisé en trois phases. Ce regain d’activité représente non seulement une avancée technique, mais aussi un signal fort de l’engagement des autorités à répondre au déficit énergétique chronique dont souffre cette région.

Un projet d’impact national, entre ambition et responsabilité

Le projet est supervisé par le ministère des Ressources hydrauliques et de l’Électricité. Sa réalisation comprend la construction de la centrale proprement dite (prévue sur 24 mois), ainsi que la mise en place d’un réseau de transport et de distribution de l’électricité (étalée sur 48 mois). C’est l’entreprise congolaise Mining Engineering Service qui a été retenue pour assurer la construction des réseaux de transport haute tension, avec une approche fondée sur des fonds publics et propres, en attendant la reprise du financement initialement prévu par Exim Bank of India.

Un audit technique mené en 2021 avait révélé que 57 % des ouvrages de génie civil étaient déjà réalisés, mais que 75 % des équipements risquaient de devenir obsolètes en raison de la longue période d’arrêt. D’où l’urgence d’accélérer l’exécution du projet et de garantir la coordination entre les phases de production et de distribution.

Les autorités provinciales, notamment le gouverneur intérimaire Joachim Kalonji, ont salué la reprise des travaux comme une avancée majeure pour le développement économique du Kasaï-Central. La disponibilité d’une énergie stable est appelée à stimuler les secteurs productifs tels que l’agriculture, la transformation agroalimentaire, les services de santé, l’éducation et les industries locales.

Alors que le taux d’accès à l’électricité reste très faible en RDC — environ 19 % au niveau national, et moins de 5 % dans les zones rurales selon la Banque mondiale —, la relance de Katende s’inscrit dans une stratégie nationale visant à améliorer l’inclusion énergétique.

Ce projet, malgré ses promesses, n’est pas sans défis. Les retards dans la construction du réseau de distribution pourraient freiner l’exploitation effective de la centrale une fois les turbines en fonctionnement. En outre, une gouvernance transparente et une supervision rigoureuse seront nécessaires pour éviter les dérives souvent observées dans les grands projets d’infrastructure en RDC.

En somme, la relance de la centrale de Katende représente une opportunité majeure pour transformer la dynamique socio-économique du Grand Kasaï, à condition que l’exécution soit menée avec discipline, transparence et vision.

Références :

1. Le Point.cd. (2025, juin). Centrale de Katende : les dessous techniques et financiers d’un projet redémarré après 13 ans d’attente. https://lepoint.cd/centrale-de-katende-les-dessous-techniques-et-financiers-dun-projet-redemarre-apres-13-ans-dattente/
2. Actualite.cd. (2024, décembre). Centrale hydroélectrique de Katende : après plusieurs promesses et tentatives, les travaux reprennent. https://actualite.cd/2024/12/22/centrale-hydroelectrique-de-katende-apres-plusieurs-promesses-et-tentatives
3. Sika Finance. (2023, octobre). RDC : le gouvernement relance le projet du barrage de Katende après 9 ans d’arrêt. https://www.sikafinance.com/marches/rdc-le-gouvernement-relance-le-projet-du-barrage-de-katende-apres-9-ans-d-arret_52607